chapitre3c L'affaire Lyssenko : Résumé des faits

La génétique avait montré que les transformations subies par les organismes sous l'influence de modifications du milieu, ne se transmettent pas héréditairement. Pour Lyssenko qui prétendait par ailleurs avoir réussi à transformer des espèces végétales par des modifications de milieu, la génétique, qu'il qualifiait de « mendélo-morganisme » du nom de ses deux principaux promoteurs, se serait par là opposée aux « lois de la dialectique ». Ne reconnaissant pas l'influence fondamentale du milieu extérieur, elle devait être fausse ! Et comme Mendel était un religieux autrichien et Morgan un scientifique américain, la génétique fut facilement qualifiée de science « bourgeoise », à laquelle s'opposait la théorie du soviétique Lyssenko qui elle, conforme à ces « lois de la dialectique » était déclarée « science prolétarienne ».

Gregor Mendel (1822-1884), moine tchèque, découvrit les lois de la génétique en croisant des variétés de pois. Il proposa le concept de gène, vu alors comme une « entité » de nature inconnue. Ses travaux, d'abord ignorés, furent redécouverts au début du XXe siècle par plusieurs scientifiques et leur portée reconnue, d'où les termes de lois de Mendel et génétique mendélienne. Thomas Morgan (1866-1945), généticien américain, travaillant sur la mouche drosophile, montra que les gènes sont localisés sur les chromosomes, structures présentes dans le noyau des cellules, mais dont on ne connaissait pas alors la nature chimique. Ce n'est qu'en 1955 qu'on démontra que l'ADN est le support de l'hérédité. Darwin ne connaissait évidemment pas tout cela et il ne se prononça pas sur la nature des modifications que la sélection naturelle devait conserver ou rejeter. Il ne rejeta donc pas l'idée, défendue par Lamarck, que ces modifications pourraient venir de l'action du milieu, ce que l'on appela l'hérédité des caractères acquis qui ne fut infirmée (par Weissman) qu'à la fin du dix-neuvième siècle. (d'après wikipédia)

Les théories de Lyssenko furent à la base de plans agricoles soviétiques gigantesques, dont les résultats désastreux en montrèrent d'ailleurs progressivement l'inanité. Soutenu pas Staline, qui s'en servit dans sa lutte contre les intellectuels soviétiques (avec l'élimination de généticiens notamment), il devint président de l'académie des sciences, et à partir de 1948, le maître absolu de la biologie soviétique. Qui plus est, les partis communistes occidentaux durent aussi prêcher le lyssenkisme, ce qui entraîna vers 1948, la démission de plusieurs savants communistes, parmi lesquels Haldane et Prenant (ainsi que Jacques Monod). En France :

les biologistes avaient à prendre parti pour les conceptions de Lyssenko, pour sa théorie de l'hérédité, faute de quoi ils se rangeaient ipso facto dans le camp des héritiers du nazisme… la mise en demeure ne s'adressait pas aux seuls biologistes, mais à l'ensemble des savants et intellectuels. (1)

En URSS, il fallu attendre, non seulement la mort de Staline, mais aussi le départ de Kroutchev, (en 1964) pour que Lyssenko soit révoqué de son poste à l'académie, bien que, depuis le milieu des années 1950, l'échec des ses méthodes ait entraîné de facto le retour en catimini des méthodes classiques en agriculture.