chapitre9e Etudier la politique des appels d'offre

La politique des appels d'offre permet d'analyser les thèmes de recherche proposés et de connaître ainsi en principe les axes privilégies ou sacrifiés. Mon approche a consisté à rechercher la place d'un certain nombre des concepts de la complexité dans trois corpus : les derniers appels d'offre de l'ANR qui représentent la recherche au service de l'innovation, les titres des projets blancs retenus par cette même ANR (à défaut de ceux de tous les projets présentés dont je ne dispose pas) et les textes les plus significatifs du CNRS, où l'ancienneté de l'institution reste garante d'une certaine fidélité aux principes scientifiques antérieurs.

Quels termes choisir pour aboutir à une comparaison réaliste ? Il m'a paru indispensable d'en prendre plusieurs, chacun pouvant s'avérer plus ou moins fiable selon les contextes. Je les ai choisis a priori, à partir des concepts présentés dans Les sciences des systèmes complexes puis j'ai éliminé ceux qui étaient soit trop peu fréquents, soit ambigus. J'en ai donc retenu six : systèmes complexes, interactions, incertitude, non-linéaire/non-linéarité, (les termes chaos, bifurcation, auto-organisation se sont révélés trop peu fréquents et j'en ai ajouté le faible nombre à celui correspondant à non-linéaire), interdisciplinarité (1) , [modélisation, modèle]/simulation (j'ai retenu le nombre le plus élevé entre les deux termes). Je n'ai choisi ni émergence, qui prend le plus souvent la signification d'apparition, ni système, utilisé généralement dans un sens banal, ni complexité en raison de la confusion avec complication.

Enfin, pour pouvoir comparer, il est nécessaire d'avoir un terme représentatif de l'extérieur du domaine que je recherche. Le problème s'est avéré très difficile, car il n'y a aucun terme qui soit l'opposé de ceux qui évoquent le complexe. Par exemple, le terme linéaire n'apparaît jamais et comme je l'ai dit, simple n'est pas le contraire de complexe. La non-modélisation n'aurait pas de sens et le terme déterminisme, est fortement ambigu. J'ai donc choisi, par défaut, un terme dans un tout autre domaine, innovation, qui représente, comme nous l'avons vu, le terme fétiche de la politique néolibérale de la recherche. Les tableaux des résultats de cette analyse figurent en annexe.